Un chirurgien du Soudan du Sud remporte la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés
Un chirurgien du Soudan du Sud remporte la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés
NAIROBI - Evan Atar Adaha, chirurgien et directeur médical d'un hôpital du nord-est du Soudan du Sud, est le lauréat 2018 de la distinction Nansen pour les réfugiés, a annoncé mardi le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Cette distinction est décernée en reconnaissance de l'engagement exceptionnel et des efforts inlassables du Dr Atar pour avoir offert ses services à une population de plus de 200 000 personnes, dont environ 144 000 réfugiés originaires de l'État du Nil Bleu au Soudan, a déclaré le HCR.
Dans des conditions difficiles ainsi qu’avec très peu de fournitures et de matériel, le Dr Atar réalise en moyenne avec son équipe 58 opérations par semaine à l’hôpital de Bunj dans le comté de Maban.
L'unique appareil de radiographie de l'hôpital ne fonctionne pas et le bloc opératoire est éclairé par un unique plafonnier. L’électricité est générée par des groupes électrogènes qui tombent souvent en panne. Comme l'hôpital de Maban est l'unique hôpital de l'État du Haut-Nil, il est régulièrement surchargé par le nombre de patients et les services débordent hors de ses murs.
A l’issue d’un référendum paisible, le Soudan du Sud, qui est la plus jeune nation du monde, a obtenu son indépendance du Soudan en 2011.
Une guerre civile, aujourd'hui dans sa cinquième année, a provoqué la plus grave crise de réfugiés en Afrique en termes de chiffres et la troisième à l’échelle mondiale.
« Des milliers de vies humaines ont été sauvées. »
« L'action menée par le Dr Atar durant des décennies de guerre civile et de conflit est un superbe exemple de profonde humanité et d'altruisme.
Grâce à ses efforts inlassables, des milliers de vies ont été sauvées et d'innombrables hommes, femmes et enfants se sont vu offrir une nouvelle chance de construire leur avenir. »
Cette année, le HCR a également sélectionné quatre finalistes régionaux. Il s'agit de personnes ou d'organisations sélectionnées parmi plus de 450 nominés pour la distinction principale et que le HCR a voulu mettre en avant pour leur travail tout aussi remarquable.
Les finalistes régionaux sont :
- Samira Harnish (USA) pour avoir créé Women of the World à Salt Lake City, Utah. Son organisation a aidé plus d'un millier de femmes réfugiées à devenir autonomes aux États-Unis.
- Le maire Andreas Hollstein et son équipe de bénévoles dévoués de la ville d’Altena en Allemagne, pour leur travail inlassable en faveur de l’accueil des réfugiés dans leur petite ville dépassant ainsi le quota officiel.
- Tuenjai Deetes pour avoir consacré quatre décennies de sa vie à faire cesser l'apatridie en Thaïlande.
- L’organisation jordanienne Reclaim Childhood pour avoir autonomisé 500 jeunes filles réfugiées via le sport et en ayant établi de meilleurs liens avec les communautés locales d’accueil.
Originaire de Torit, une ville située dans le sud du Soudan du Sud, le Dr Atar a obtenu une bourse pour étudier la médecine à Khartoum, au Soudan, avant de pratiquer en Égypte. En 1997, alors que la guerre faisait rage dans l'État du Nil Bleu, le Dr Atar est volontairement parti travailler dans cette région où il a créé son premier hôpital à partir de rien à Kurmuk, opérant au cœur même d'un conflit majeur et souvent sous les bombardements aériens.
« Nous soignons tout le monde ici, peu importe qui ils sont. »
En 2011, l'intensification des violences a contraint le Dr Atar à déménager son précédent hôpital dans l'État soudanais du Nil Bleu. Il a fui avec son équipe et autant de matériel qu'il pouvait transporter dans un périple qui leur a pris un mois.
À son arrivée à Bunj, il a monté son premier bloc opératoire dans un dispensaire abandonné où ses premières opérations ont été réalisées sur des tables empilées les unes sur les autres. Depuis son établissement dans cette petite ville, le Dr Atar travaille sans relâche pour mobiliser des financements et former des jeunes aux soins infirmiers et obstétricaux.
« Nous traitons tout le monde ici, sans nous soucier de qui ils sont — les réfugiés, les déplacés internes, les membres des communautés hôtes », explique le Dr Atar. « Ce qui me rend heureux, c'est de me rendre compte que mon travail a épargné de la souffrance ou sauvé la vie de quelqu'un. »
Le Soudan du Sud abrite près de 300 000 réfugiés dont 92 % de Soudanais originaires des régions soudanaises du Sud-Kordofan et du Nil Bleu, à proximité de la frontière avec le Soudan du Sud.
La distinction Nansen pour les réfugiés décernée par le HCR honore des services extraordinaires rendus aux personnes déracinées.
La cérémonie de remise de la distinction Nansen 2018 se tiendra le 1er octobre à Genève, en Suisse.
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