Les Afghans rêvent de sortir de l'ombre grâce aux cartes délivrées par le Pakistan
Les Afghans rêvent de sortir de l'ombre grâce aux cartes délivrées par le Pakistan
PESHAWAR, Pakistan - Mohammad Rehman habite le Pakistan et il est sans-papiers. Il a vécu toute sa vie dans la peur d’être arrêté par la police puis expulsé vers sa patrie en proie au conflit.
Un nouveau programme mis en œuvre par les autorités pakistanaises vise à enregistrer jusqu'à un million d'Afghans sans-papiers comme lui, ce qui lui permettra enfin de rêver de sortir de l'ombre dans une sécurité relative.
« J'aurai désormais une identité au Pakistan », déclare Rehman, né et élevé au Pakistan auprès de parents afghans. « Si la police m'arrête, maintenant au moins je serai libéré sans trop de problèmes. »
Le programme pilote lancé le 20 juillet vise à enregistrer les Afghans sans-papiers vivant dans le pays. Selon les estimations, ils sont actuellement entre 600 000 et un million, dont beaucoup vivaient au Pakistan depuis près de quatre décennies et y ont élevé des enfants.
« J'aurai désormais une identité au Pakistan. »
Dans le cadre de ce projet, des milliers d’Afghans, comme Mohammed Rehman, recevront une carte de citoyen afghan, ou AC, leur assurant une protection légale contre l'arrestation, la détention ou l'expulsion arbitraire en vertu du Foreigner's Act du Pakistan.
Ce programme d’enregistrement est prévu pour durer six mois. Il a commencé par des projets pilotes mis en œuvre dans la capitale Islamabad et à Peshawar, au nord-ouest du pays, qui accueille le plus grand nombre d'Afghans sans-papiers. Le programme sera mené dans les quatre provinces à partir du 16 août.
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s’est félicité de cette volonté de délivrer ces cartes d’identité. Cela permettra aux Afghans de rester au Pakistan pour le moment, jusqu'à ce qu'ils puissent obtenir des documents, par exemple des passeports, par les autorités afghanes.
« L'initiative apportera un grand soulagement à de nombreuses familles afghanes où certains étaient des réfugiés enregistrés, tandis que d'autres n'avaient aucun statut juridique », a déclaré une porte-parole du HCR, Duniya Aslam Khan, vendredi (21 juillet).
« Cela aidera à régulariser le séjour de nombreux réfugiés alors que le retour dans leur pays d'origine pourrait ne pas être possible », a-t-elle ajouté.
L'enregistrement fait suite à trois années de consultations entre les gouvernements de l'Afghanistan et du Pakistan ainsi que le HCR. Il fait partie de la Politique globale du Pakistan sur le rapatriement volontaire et la gestion des Afghans, qui a été approuvée par son cabinet en février 2017.
« L'initiative apportera un grand soulagement à de nombreuses familles afghanes. »
Les autres volets du plan comprennent l'extension de la validité des cartes d’enregistrement pour quelque 1,4 million de réfugiés afghans enregistrés jusqu'à la fin 2017; un engagement à adopter une loi nationale sur les réfugiés; et enfin un régime de visas pour différents groupes de réfugiés afghans qui sont détenteurs des cartes d’enregistrement.
L'Autorité nationale pakistanaise pour les bases de données et l'enregistrement, le ministère des États et des régions frontalières ainsi que le ministère afghan des réfugiés et du rapatriement superviseront le projet, avec le soutien de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du HCR.
Le HCR apportera un appui à l'OIM par une campagne d'information auprès des communautés afghanes vivant au Pakistan, ainsi que pour s'assurer que les Afghans ayant des besoins de protection internationale sont orientés vers les services du HCR.
En plus d'atténuer ses craintes d'arrestation, Saleem Khan, réfugié afghan et vendeur de miel, voit d'autres avantages à ce programme d'enregistrement. Il espère que cette carte lui permettra de se déplacer plus librement et d'accéder aux marchés du village de Mandi Bahuddin au Pendjab et de réduire, pour ses enfants, leur crainte de la discrimination à l'école.
« Mes filles étaient réticentes à l’idée de fréquenter l'école car leurs enseignants les dérangeraient de temps en temps en raison du manque de documents. La police nous arrêterait à chaque poste de contrôle. Quand nous aurons nos cartes, nous serons soulagés », dit-il.
Avec les informations complémentaires de Qaisar Khan Afridi à Islamabad