Les civils vivent dans la "pénurie et la panique" ; la bataille pour Mossoul fait rage — HCR
Les civils vivent dans la "pénurie et la panique" ; la bataille pour Mossoul fait rage — HCR
GENÈVE – Environ 100 000 civils seraient actuellement pris comme boucliers humains par les combattants de Daech dans l'ouest de Mossoul, où ils vivent dans des conditions de « pénurie et de panique », sans nourriture, ni eau, ni carburant, a déclaré le représentant du HCR en Iraq vendredi dernier.
La bataille pour Mossoul, la deuxième ville d'Iraq, a commencé il y a neuf mois et a déjà déplacé 862 000 hommes, femmes et enfants de leurs foyers.
Alors que les forces iraquiennes et celles de la coalition se battent pour prendre les derniers quartiers sous contrôle des militants dans l'ouest de Mossoul, elles sont confrontées à la résistance farouche des combattants de Daech, a expliqué Bruno Geddo au cours d'une conférence de presse à Genève.
« Les combattants déplacent les civils avec eux, pour s'en servir de boucliers humains et… les tireurs de Daech continuent de viser les personnes qui tentent de fuir », a-t-il expliqué aux journalistes dans le Palais des Nations. « Qu'ils restent ou qu'ils fuient, les civils risquent d’y perdre la vie. »
Les civils pris au piège dans la ville n'ont quasiment plus ni nourriture, ni eau, ni électricité, ni carburant et ils vivent de plus en plus dans un état de « pénurie et de panique... car ils sont encerclés par les combats qui font rage de tous côtés », a-t-il ajouté.
« Les combattants déplacent les civils avec eux, pour s'en servir de boucliers humains. »
Bruno Geddo a expliqué que les personnes qui essayent de fuir la ville sont abattues par des tireurs embusqués qui prennent délibérément pour cible ceux qui tentent de fuir.
Alors que la bataille sanglante touche à sa fin dans le dédale des rues de la vieille ville, le risque de faire des victimes parmi les civils augmente « à cause de la nature de l'environnement urbain et de la résistance farouche qu'oppose Daech », a-t-il expliqué.
« Les combats devront se faire à pied, à la main, maison par maison, et donc... les risques pour les civils et leurs biens sont encore plus importants. »
Pour donner une idée des dangers auxquels sont confrontés les résidents qui fuient, Bruno Geddo a expliqué qu’ayant parlé à des familles, celles-ci qui relataient les tirs de tireurs embusqués alors qu'ils tentaient de s'échapper de la ville de nuit, à pied par les rues ou en bateau sur le Tigre.
Un autre habitant déplacé a raconté qu’il est tombé malade après avoir dû boire de l'eau polluée pendant 10 jours.
Bruno Geddo a déclaré que quelque 667 000 habitants ont été déplacés de Mossoul, dont 635 000 sont issus des quartiers ouest de la ville.
Afin de répondre aux besoins immédiats des habitants déplacés, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a déjà construit 13 camps dans le nord de l'Iraq et elle est venue en aide à plus d'un demi-million de personnes.
« Les personnes qui viennent des quartiers ouest de Mossoul sont profondément traumatisées. Ils ont assisté à des atrocités innommables. »
Quelque 371 000 déplacés reçoivent de l'aide dans les camps, où on leur donne des tentes, des matelas, des couvertures, des seaux et des ustensiles de cuisine. Par ailleurs, 144 000 autres obtiennent une assistance en dehors des camps, vivant soit chez des amis ou des proches dans l'est de Mossoul, ou encore dans des bâtiments abandonnés.
On estime qu’environ 195 000 habitants sont retournés chez eux, principalement dans les quartiers est de Mossoul. Nombreux vivent de manière précaire, surtout ceux qui sont installés dans des bâtiments abandonnés ou en chantier, a expliqué Bruno Geddo. Le HCR leur fournit du bois et d'autres matériaux pour fermer les ouvertures des immeubles en chantier.
L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés travaille au regroupement des familles séparées par les combats et elle aide les personnes déplacées à remplacer les documents d'identité qu'elles ont perdus. Une unité mobile travaillant avec les autorités iraquiennes a ainsi déjà remplacé 2 000 documents perdus.
Bruno Geddo a aussi expliqué que le HCR apporte une assistance psychologique aux personnes déplacées. « Ceux qui viennent des quartiers ouest de Mossoul sont profondément traumatisés », a-t-il dit. « Ils ont assisté à des atrocités innommables. »
Pour répondre aux besoins vitaux des enfants, des femmes et des hommes vulnérables déplacés par les combats à Mossoul, ainsi qu'à ceux des habitants qui retournent chez eux dans les quartiers ravagés par la guerre, le HCR a annoncé ce mois-ci qu'il lui faut de toute urgence un financement de 126 millions d'USD avant la fin de l'année.