Un logement loin de chez soi grâce au programme d'hébergement du HCR
Un logement loin de chez soi grâce au programme d'hébergement du HCR
LIVADIA, Grèce – Le printemps est dans l’air et Haysam, 30 ans, est d’excellente humeur alors qu’il se promène dans les rues de Livadia, petite ville nichée au pied des montagnes enneigées de la Grèce centrale. Il a de bonnes raisons de l’être : après plus de trois années d’incertitude en Turquie et en Grèce, ce réfugié vit dans un appartement alloué par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en attendant de rejoindre sa famille en Belgique.
Pour couronner le tout, sa femme Nazli, âgée de 21 ans, sera maman dans l’année. « Elle est tombée enceinte à Livadia – j’en suis très fier », confie-t-il. La nouvelle circule dans cette ville de taille moyenne où cet affable Syrien kurde d’Alep s’est fait beaucoup d’amis depuis son arrivée en début d’année en provenance du site surpeuplé de Cherso, au nord du pays.
« Après neuf mois, le HCR nous a appelés pour nous annoncer qu’ils avaient trouvé une place pour nous à Livadia », raconte Haysam. Il avait fui à Istanbul en 2013 avec sa famille lorsque la guerre avait atteint leur quartier.
« Je suis resté chez moi sans nourriture, ni électricité »
Il explique que cet appartement situé au premier étage, fourni par le HCR dans le cadre d’un programme d’hébergement ambitieux financé par la Commission européenne, est équipé de tout ce dont sa femme Nazli et lui pourraient avoir besoin, notamment meubles, appareils électroménagers et ustensiles de cuisine.
On leur a également offert des vêtements, des provisions et un large accès aux services sociaux. Rien à voir avec Alep où « il y avait des bombes partout et… où je suis resté chez moi sans nourriture, ni électricité, ni eau. J’ai été forcé de partir », dit-il.
Haysam et Nazli ont été bouleversés par l’accueil que leur ont réservé les habitants de Livadia, qui étaient là pour les aider malgré leurs propres problèmes économiques. « Ils ne nous regardent pas comme des réfugiés. Ils nous traitent comme les autres Grecs », raconte Haysam. « Je me suis fait beaucoup d’amis ».
La décision de Livadia d’héberger des demandeurs d’asile, telle que des villes beaucoup plus grandes comme Athènes et Thessalonique, a été menée par Giota Poulou, sa maire visionnaire. Cette femme pragmatique et pugnace a consulté tous les représentants de la société, y compris l’Eglise et ses opposants politiques, afin de bâtir un consensus dans la ville et d’obtenir l’adhésion de tous.
Le résultat est une situation avantageuse pour tous
La ville a accepté de loger environ 400 personnes dans 70 appartements. Le résultat est une situation avantageuse pour tous dans laquelle la ville tire des bénéfices sur le plan moral et économique, les demandeurs d’asile accèdent à un vrai logement plutôt que de vivre dans un site surpeuplé et le HCR aide le gouvernement grec à trouver une solution à ce problème difficile.
Livadia est un exemple qui pourrait inciter d’autres villes de taille moyenne à faire de même. Le HCR, qui coopère étroitement avec le ministère grec chargé de la politique migratoire, souhaite créer des partenariats avec d’autres municipalités et est engagé dans des discussions avec des maires en Crète et en Thessalie.
A ce jour, le HCR en Grèce a fourni des logements à près de 30 000 demandeurs d’asile dans le cadre d’un programme initialement conçu pour les personnes sélectionnées pour bénéficier du dispositif de relocalisation de l’UE mais qui a été étendu par la suite aux demandeurs d’asile particulièrement vulnérables.
Ce résultat a été obtenu grâce à une opération complexe et difficile visant à fournir tout un ensemble de services et de protection au-delà de la simple mise à disposition d’un endroit sûr et propre où vivre. Le gouvernement grec souhaiterait que le programme se poursuive et s’étende cette année tout comme les efforts réalisés pour transférer les personnes hors des camps.
Ce programme d’hébergement s’inscrit dans des efforts plus larges visant à assurer la mise en place d’un système d’accueil durable et adéquat par le gouvernement grec. Cela nécessite de fournir davantage d’opportunités de logement dans les zones urbaines comme pour Hysam et Nazli, d’améliorer les conditions d’accueil sur les îles et sur le continent, de garantir une plus grande sécurité dans tous les sites et de veiller à ce que tous les sites inadaptés soient rapidement fermés.
Le HCR exhorte également les Etats membres de l’UE à augmenter le rythme et le nombre de personnes relocalisées et réunies avec des membres de leur famille dans d’autres Etats membres de l’UE. Si la relocalisation a récemment repris, seules 12 407 personnes sur un objectif initial de 66 400 personnes ont été relocalisées à partir de la Grèce à ce jour.