Des milliers de personnes fuient l'ouest de Mossoul alors que les combats s'intensifient
Des milliers de personnes fuient l'ouest de Mossoul alors que les combats s'intensifient
CAMP DE HAMMAM AL-ALIL CAMP, Iraq - Sans nourriture, et avec des obus tombant autour de la maison familiale à l'ouest de Mossoul, Kifah a décidé qu'il devait fuir.
« Il y avait tellement d’obus qui tombaient. Nous n'avions ni riz, ni pain, ni lait. Il n'y avait plus rien pour nourrir les enfants », explique-t-il.
L'homme, âgé de 35 ans, sa femme et ses enfants font partie des milliers d’habitants de l’ouest de la deuxième plus grande ville d’Iraq, à avoir fui alors qu’une offensive militaire des forces gouvernementales est menée pour reprendre ce secteur.
Environ 30 000 personnes ont fui l'ouest de Mossoul en moins d'une semaine. En moins de 24 heures, le camp vide d'Hammam Al-Alil a commencé à se remplir rapidement, devenant ainsi un foyer temporaire pour des milliers d'Iraquiens désespérés de fuir les combats.
Tout au long de la journée, des bus et des camions ont amené des familles épuisées sur le site, localisé à environ 25 kilomètres au sud de Mossoul, où elles ont attendu patiemment, tout en recevant de l'eau et des repas chauds avant que des tentes ne leur soient allouées.
Pour aider à répondre à leurs besoins, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a mis en place des tentes-entrepôts qui serviront de centres d'accueil temporaire pour abriter les familles nouvellement arrivées sur le site, en attente du filtrage.
« Il y avait tellement d’obus qui tombaient. Nous n'avions ni riz, ni pain, ni lait. Il n'y avait plus rien pour nourrir les enfants. »
Avec ses partenaires, le travail du HCR établit actuellement un nouveau camp à moins d'un kilomètre de distance et qui pourrait accueillir jusqu'à 30 000 déplacés iraquiens.
Des articles de secours, y compris des matelas, des couvertures, des kits de produits d'hygiène et d’ustensiles de cuisine, des appareils de chauffage et des jerricans, sont également distribués aux nouveaux arrivants.
« Ces derniers jours, des groupes importants ont commencé à fuir l'aggravation des conditions de sécurité et la situation humanitaire désastreuse à l'ouest de Mossoul », déclare Bruno Geddo, le Représentant du HCR en Iraq. « Nous demeurons préoccupés par la sécurité des civils et nous exhortons les autorités à assurer le passage en toute sécurité de toutes les personnes qui fuient. »
« Le HCR et d'autres organisations intensifient l'aide d'urgence pour les nouveaux arrivants et assure qu'ils reçoivent tout ce dont ils ont besoin afin de commencer une nouvelle vie dans la sécurité des camps de déplacés jusqu'à ce que les conditions deviennent propices au retour ».
Environ 192 000 Iraquiens ont été déplacés en provenance de la ville de Mossoul et ses environs depuis le début des opérations militaires, en date du 17 octobre dernier. Jusqu'à 250 000 personnes pourraient devenir des déplacés depuis l'ouest de Mossoul sur les 750 000 qui y résideraient encore.
Le soulagement des personnes arrivant au camp de Hammam al-Alil établi par les autorités iraquiennes est palpable.
« J'ai jeté mon hijab dès que nous sommes arrivés là où les forces de sécurité iraquiennes se trouvaient », indique Shayma, l'épouse de Kifah. « Je suis tellement heureuse. Nous avons mangé et dormi tranquillement. Je n'ai fait aucun cauchemar, seulement des rêves agréables. »
Malgré cela, son mari se méfie de retourner à leur domicile dans le quartier de Mamoun, à l'ouest de Mossoul, car il est inquiet des cellules dormantes des groupes extrémistes sur place.
« Nous demeurons préoccupés par la sécurité des civils et nous exhortons les autorités à assurer le passage en toute sécurité de toutes les personnes qui fuient. »
Pour le nouvel arrivant Saddam, 33 ans, le camp a apporté un retour bienvenu à la normalité après avoir subi la bataille intense pour la reprise de son quartier. « Il y avait des tireurs embusqués et des tirs de mortier », assure Saddam qui a également fui Mamoun avec sa femme et ses jeunes enfants.
« La nuit a été très difficile et la bataille très féroce. Nous avons tout abandonné derrière nous en quête de liberté », dit-il. « Mossoul était comme une prison pour les criminels. Maintenant, la vie redevient normale ».
Sa famille a passé la nuit au camp. Grâce au parrainage de ses proches, ils attendaient de partir pour le village animé - mais endommagé par la guerre - de Hammam al-Alil situé non loin, qui a été repris par les forces gouvernementales en novembre dernier. « Je veux trouver un emploi, je veux travailler. Et je veux que mes enfants aillent à l'école », ajoute Saddam.
Après plus de deux ans de règles strictes imposées par les groupes armés ainsi que les derniers mois de pénurie de nourriture et d'autres articles de première nécessité, de nombreux habitants n’ont eu qu’un seul repas par jour – composé de pain, de pommes de terre ou de soupe à la tomate. Aujourd’hui, ces familles ont soif de liberté et de nouvelles opportunités.
« Nous étions effrayés quand nous sommes partis, mais nous sommes heureux ici », a déclaré Zeman, 17 ans, qui venait d'arriver une heure plus tôt en autobus avec sa sœur Nour, 32 ans, mère de quatre enfants.
La famille a fui le quartier de Wadi Hajar, à l'ouest de Mossoul, et elle a réussi à s'échapper au moment où des groupes armés essayaient de les forcer à quitter leurs foyers vers un autre lieu, alors que de nouveaux combats éclataient. « Je suis heureux d’avoir laissé notre ancienne vie derrière nous. »