Des 'Bureaux chargés de la protection' pour venir en aide aux Sud-Soudanais vulnérables
Des 'Bureaux chargés de la protection' pour venir en aide aux Sud-Soudanais vulnérables
JUBA, Soudan du Sud – Taphisa Nyaboul ne savait pas à qui demander de l’aide après l’assassinat de son mari. Restée veuve, elle vivait avec ses quatre enfants dans un camp temporaire accueillant les personnes déplacées à cause de la guerre au Soudan du Sud.
Elle vendait de l’alcool artisanal pour nourrir sa famille, mais son commerce ne marchait pas. « J’avais quelques clients et aucun revenu », explique Taphisa Nyaboul, 23 ans. « J’ai fini par boire mes propres alcools par désespoir. Après un verre de trop, je pouvais facilement me disputer pour des broutilles et me battre avec des gens ».
Ses inquiétudes augmentaient, dit-elle: « Je ne pouvais pas imaginer l’avenir pour mes enfants et moi-même. Je n’avais même pas d’argent pour les nourrir ou leur acheter des vêtements ».
Taphisa Nyaboul a eu de la chance. Les bénévoles travaillant au sein de la communauté où elle vivait dans un site pour déplacés à l’extérieur de la ville de Bor l’ont trouvée, et ont compris que c’était exactement le type de mère seule vulnérable que le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, les formait à identifier.
Ils ont immédiatement programmé un rendez-vous pour elle avec un Bureau du HCR chargé de la protection, dans une base des forces de maintien de la paix des Nations Unies à Bor connue comme un site dédié à la protection des civils. Les Bureaux chargés de la protection, déployés dans la plupart de ces sites au Soudan du Sud, offrent des conseils et une assistance adaptés aux personnes particulièrement vulnérables.
Près de 7 000 déplacés internes sud-soudanais ont contacté les Bureaux chargés de la protection ou ont été orientés vers ces derniers depuis leur ouverture début 2016. Il s’agit de femmes seules chef de famille, de femmes enceintes sans soutien familial, d’enfants non accompagnés et d’enfants séparés de leurs parents ou tuteurs, de survivantes de violence sexuelle et liée au genre, de personnes handicapées et de personnes âgées.
« Taphisa Nyaboul était désespérée quand elle est venue me voir », explique Godfrey Komma Andrugaa du Bureau de protection de Bor. « Ses problèmes la consumaient. Elle ne voyait rien de positif dans sa vie. Je ne la juge pas. A sa place, tout le monde connaitrait les mêmes défis ».
Il décrit les Bureaux chargés de la protection comme des espaces sûrs et à l’abri des préjugés où les personnes peuvent déverser leurs sentiments et leurs frustrations. « Parfois, la solution à leurs problèmes est plus vaste que ce que nous pouvons offrir, mais il est important de les écouter », dit-il. « Dans la plupart des cas, la réponse est à notre portée ».
L’équipe de Godfrey Komma Andrugaa a offert des conseils psychosociaux à Taphisa Nyaboul et l’ont aidée à trouver un emploi auprès d’une organisation partenaire du HCR. « C’est un travail temporaire. Cela ne me rapporte pas beaucoup d’argent, mais suffisamment pour subvenir aux besoins de mes enfants », déclare Taphisa Nyaboul. « Je ne bois plus. Il y a beaucoup de raisons d’être triste dans ce pays, mais je me sens beaucoup plus forte maintenant ».
Le HCR a lancé les premiers Bureaux chargés de la protection à Bor et Malakal en janvier, suivis par Juba en février, et Bentiu en mars.
« Les Bureaux chargés de la protection sont des atouts précieux pour identifier les personnes les plus vulnérables et élaborer une réponse adaptée à leurs besoins », explique Isabelle Misic, Représentante adjointe du HCR pour les questions de protection au Soudan du Sud. « Ils mettent les personnes au cœur de nos activités de protection, tout en servant de passerelle vers la communauté pour nous aider à analyser les questions et les problématiques principales qui affectent la population dans son ensemble. L’engagement et les retours de la communauté sont essentiels, en particulier pour trouver des moyens d’atténuer les risques de protection ».
Le Bureau chargé de la protection de Bor a travaillé sur divers cas. Les employés ont aidé 206 déplacés internes à rentrer chez eux au début de l’année, en leur fournissant des conseils et des allocations pour les aider à se redresser.
L’équipe de proximité a également trouvé Stephen Bang, un déplacé interne de 46 ans dont le fauteuil roulant adapté était tombé en panne, ce qui le contraignait à rester confiné dans sa tente équipée d’un lit et de quelques objets ménagers. Les bénévoles ont orienté son cas vers le Bureau chargé de la protection et, en 24 heures, le HCR s’est procuré des pièces détachées et a réparé le fauteuil roulant.
« J’en suis très reconnaissant », déclare Stephen Bang. « C’était dur pour moi. Ma vie sociale dépend de cet engin. Maintenant je peux continuer à vivre, aller au marché et au centre communautaire et rencontrer mes amis ».
Au Soudan du Sud, le HCR participe à la réponse multi-organisations qui soutient 1,6 million de déplacés internes et dirige le module protection – un ensemble d’organisations humanitaires spécialisées dans la protection des déplacés internes. Le HCR coopère aussi avec les autorités et des partenaires pour protéger et assister plus de 262 000 réfugiés originaires d’autres pays venus chercher la sécurité au Soudan du Sud.