Rétablir la paix doit devenir une priorité, déclare António Guterres
Rétablir la paix doit devenir une priorité, déclare António Guterres
Genève, 18 décembre (HCR) - La communauté internationale doit mener en priorité des efforts pour le rétablissement de la paix dans les conflits à travers le monde afin de faire cesser des déplacements de population actuellement sans précédent, a déclaré aujourd'hui António Guterres, le chef de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Il quittera l'Organisation à la fin décembre 2015.
« Nous devons mener en priorité des efforts robustes pour rétablir la paix. La priorité absolue, c'est de ramener la paix », a déclaré le Haut Commissaire lors d'une conférence de presse d'adieu au siège de l'ONU à Genève.
António Guterres dirige le HCR depuis 10 ans et il quittera l'Organisation le 31 décembre prochain. Selon lui, les deux motifs principaux forçant les civils à abandonner leurs maisons et à fuir en quête de sécurité sont le changement climatique et les conflits. Il a appelé à mener des efforts diplomatiques similaires pour la sécurité que ceux ayant abouti à un accord historique sur le climat adopté à Paris par les Etats membres à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.
« Nous devons travailler à rétablir la paix dans les régions en proie à l'instabilité ... Le résultat des pourparlers et les processus actuels pour le retour de la paix en Syrie, en Libye et au Yémen auront une large incidence sur les déplacements de populations en 2016. Le résultat de ces trois initiatives sera vital pour l'avenir », a-t-il indiqué.
Antonio Guterres a rappelé que, durant la première année après sa prise de fonctions, le HCR avait aidé près d'un million de personnes à rentrer dans leur pays d'origine dans la sécurité et la dignité. Par contre, en raison de la situation actuelle de sécurité, l'année 2015 a été le théâtre du retour de seulement 124 000 personnes.
Il a qualifié d'alarmante la hausse des déplacements de populations ayant progressé depuis 38 millions de personnes déracinées en 2005 à près de 60 millions aujourd'hui. Et ce chiffre est encore susceptible d'augmenter. « Il est clair que les organisations humanitaires n'ont plus la capacité de leur assurer un soutien ... nous sommes moins en mesure aujourd'hui de répondre aux besoins des personnes déracinées qu'il y a 10 ans », a-t-il déclaré.
En passant en revue son mandat, António Guterres - qui a salué la presse pour une couverture médiatique indépendante et solidaire - a indiqué s'être souvent senti comme un infirmier administrant une simple pilule à un patient nécessitant des antibiotiques ou une chirurgie majeure. Par ailleurs, il a trouvé « extrêmement frustrant » d'être témoin de souffrances humaines continues.
Cette conférence de presse s'est déroulée le même jour que la publication du rapport statistique du HCR sur les Tendances mondiales, premier semestre 2015, couvrant la période de janvier à fin juin et dont les indicateurs sont fermement ancrés dans le rouge concernant chacune des trois grandes catégories de déplacements de populations - les réfugiés, les demandeurs d'asile et les personnes forcées de fuir à l'intérieur de leur propre pays.
La population réfugiée comptait 19,5 millions de personnes il y a un an et, à la mi-2015, elle a franchi le seuil de 20 millions (20,2 millions) pour la première fois depuis 1992. Parallèlement, les demandes d'asile sont en hausse de 78 pour cent (993 600) par rapport à la même période en 2014.
Le nombre des personnes déplacées internes a bondi de près de deux millions et s'élève aujourd'hui à 34 millions. Selon les statistiques de la première moitié de l'année 2015, les déplacements forcés dans le monde pourraient dépasser 60 millions de personnes déracinées pour la première fois. Au niveau mondial, cela signifie qu'une personne sur 122 a été forcée de fuir son foyer.
António Guterres a fait part de sa crainte selon laquelle le monde pourrait adopter une approche plus restrictive à l'égard des réfugiés. Il a également réitéré que les réfugiés sont « les premières victimes de la terreur » et qu'ils ne doivent pas devenir des boucs émissaires.
Par Leo Dobbs, Genève