Il faut mettre fin à l'apatridie des enfants
Il faut mettre fin à l'apatridie des enfants
Le HCR appelle davantage de pays à soutenir la campagne lancée le 4 novembre 2014 pour mettre fin à l'apatridie. Dans l'année qui a suivi, des initiatives et des actions au niveau régional mises en oeuvre par des Etats ont fait naître un engagement de la communauté mondiale envers cette campagne.
Genève, 3 novembre (HCR) - Joe Hullman a 13 ans et il rêve de jouer au baseball dans son pays natal, la République dominicaine. Toutefois, il n'est détenteur ni d'un certificat de naissance ni de documents d'identité. Il collecte des métaux au milieu des déchets dans une décharge municipale à San Pedro de Macoris.
En Côte d'Ivoire, Issa, 10 ans, espère un jour aller à l'école et recevoir une éducation, mais il doit soigner le bétail et nettoyer la mosquée locale. Ceci car il ne peut prouver son identité et il est apatride.
En Malaisie, Tha Chaa Yeny, 18 ans, a perdu tout espoir de devenir un jour architecte car elle n'a pas de carte d'identité délivrée par l'Etat. Elle détient seulement un certificat de naissance indiquant qu'elle est « non-citoyenne ».
« J'aime regarder les bâtiments portant des décorations, je veux être architecte. Parfois, je pleure quand je pense que je ne pourrai jamais être l'un d'entre eux quand je serai grande », dit-elle.
Toutes les dix minutes, un enfant apatride comme Joe, Issa et Tha Chaa Yeny nait à travers le monde. Il leur est impossible d'étudier, de suivre une formation professionnelle voire même d'ouvrir un compte en banque. Leur vie d'adulte est confrontée à la discrimination car leur situation affecte profondément leur capacité d'apprendre, de grandir ainsi que de réaliser leurs rêves et leurs ambitions.
Une toute première enquête à ce sujet a été menée dans plusieurs pays distincts. Elle examine les points de vue des enfants apatrides sur les problèmes communs auxquels ils sont confrontés dans les pays étudiés. Leur capacité à profiter de leur enfance, à mener une vie saine, à étudier et à concrétiser leurs ambitions est profondément affectée par l'apatridie et les problèmes qui y sont liés.
Parmi des dizaines de jeunes interviewés dans sept pays pour cette étude intitulée « Ici j'existe : l'urgente nécessité de mettre fin à l'apatridie parmi les enfants », beaucoup ont déclaré que l'apatridie avait de graves conséquences psychologiques sur eux. Ils se décrivent comme étant « invisibles », « alien », « vivant dans l'ombre », « comme un chien errant » et « sans intérêt ».
« Dans le temps limité où les enfants apprennent à être des enfants, l'apatridie peut graver dans la pierre des problèmes qui les hantent tout au long de leur enfance et, ainsi, les condamner à une vie de discrimination, de frustration et de désespoir », a indiqué António Guterres. « Aucun de nos enfants ne devrait être apatride. Tous les enfants devraient pouvoir exister. »
Les jeunes apatrides sont victimes de discrimination et de harcèlement de la part des autorités et ils sont plus vulnérables à l'exploitation. Souvent, l'absence de nationalité affecte leur vie ainsi que leurs familles et leurs communautés qui demeurent démunies et marginalisées pendant des générations.
L'apatridie affecte également l'avenir des jeunes. Une jeune femme en Asie a expliqué aux chercheurs du HCR qu'elle ne peut répondre à des offres d'emploi en tant que professeur car elle est apatride. Elle n'a pu trouver qu'un travail d'employée dans un magasin local. « Je veux dire à ce pays que nous sommes nombreux dans mon cas. »
Pour mettre fin à l'apatridie, le HCR exhorte tous les États à prendre des mesures pour éliminer l'apatridie, y compris permettre aux enfants d'acquérir la nationalité du pays dans lequel ils sont nés au cas où ils seraient sinon apatrides et réformer les lois qui empêchent les mères de transmettre leur nationalité à leurs enfants au même niveau que les pères. Le HCR recherche également à assurer un enregistrement universel des naissances pour éviter l'apatridie ainsi que l'élimination des lois et des pratiques qui privent les enfants de nationalité en raison de leur appartenance ethnique, de leur race ou de leur religion.
La publication de cette étude marque le premier anniversaire du lancement de la campagne #IBelong/JExiste visant à mettre fin à l'apatridie d'ici 2024.