L'écrivain Khaled Hosseini lance un appel pour un engagement de longue durée en faveur de l'Afghanistan
L'écrivain Khaled Hosseini lance un appel pour un engagement de longue durée en faveur de l'Afghanistan
KABOUL, Afghanistan, 13 septembre (UNHCR) - Khaled Hosseini, auteur de livres à succès, s'est adressé à la communauté internationale pour lui demander de maintenir son engagement vis-à-vis de l'Afghanistan, et de laisser du temps au pays. Sans cela, son pays natal risque de revenir en arrière, ce qui aurait des conséquences désastreuses.
L'Envoyé de bonne volonté de l'UNHCR a quitté Kaboul jeudi après avoir rencontré des réfugiés rapatriés, pendant une visite de dix jours dans le nord de l'Afghanistan. A cette occasion, il a demandé à la communauté internationale de renforcer son engagement en Afghanistan, alors que le pays tente de se reconstruire après plus de 20 ans de conflits et de désordres.
« L'Afghanistan se trouve à la croisée des chemins. Il y a des signes de désillusion à la fois en Afghanistan et au sein de la communauté internationale. Mais un engagement à long terme est absolument crucial pour que le pays continue à aller dans la bonne direction », a déclaré Khaled Hosseini, qui est naturalisé américain, à la veille de son départ.
« L'Afghanistan a besoin de temps, de patience et d'efforts continus. Ce n'est pas le moment de laisser tomber, mais au contraire de rester pleinement engagés, pour que les développement positifs puissent être amplifiés et qu'ils produisent des résultats à long terme. »
C'était la première visite de Khaled Hosseini en Afghanistan depuis le succès international de son roman et best-seller, « Les cerfs-volants de Kaboul », en 2005. Son deuxième livre, « Mille soleils merveilleux », a été publié en début d'année et a également eu beaucoup de succès à travers le monde. Les deux romans se passent en Afghanistan et reflètent l'histoire du pays au cours des dernières 40 années.
Sa dernière visite remonte à 2003, moins de deux ans après la chute du régime des talibans, en 2001. Depuis, l'UNHCR a aidé plus de 4 millions de réfugiés à regagner leur foyer en Afghanistan ; cette dernière visite a donné l'opportunité à Khaled Hosseini de se rendre compte des difficultés auxquelles les rapatriés continuent à faire face.
Ce médecin diplômé, qui a quitté son pays en 1976 et vit maintenant en Californie, a visité des projets de l'UNHCR et a rencontré des rapatriés dans les provinces de Kunduz, Baghlan, Balkh, Parwan et Kaboul, dans le nord du pays.
A Darkhat, près de la capitale de la province de Baghlan, Pul-i-Khumri, Khaled Hosseini a écouté le cas d'un groupe de 24 familles qui ont acheté leur propre terre, et qui sont en train de reconstruire leur communauté après un quart de siècle de guerre. Ils font partie des centaines de communautés que l'UNHCR aide en fournissant des abris et du matériel de construction. A la fin de cette année, l'UNHCR aura fourni plus de 170 000 hébergements à des familles sans abri à travers le pays.
« Nous sommes en train de reconstruire nos vies, mais nous avons besoin d'aide », a dit un des anciens du village, en ajoutant : « Nous avons accès à l'eau potable dans un village qui se trouve au-delà de la rivière. A cause de cela, nous sommes souvent malades. Et si nous sommes malades, nous ne pouvons ni voir un médecin ni obtenir des médicaments. » Khaled Hosseini a déclaré que des communautés comme celle de Darkhat montraient qu'il fallait du temps et des efforts au pays pour que les rapatriés puissent bénéficier d'infrastructures et de services adéquats.
Dans la ville de Mazar-i-Sharif, dans le nord, Khaled Hosseini a aussi écouté les griefs des gens forcés à rentrer en Afghanistan suite à la fermeture des camps au Pakistan. « Au Pakistan, nous avions du travail, une maison et nos enfants allaient à l'école », raconte un habitant du village. « Regardez-nous maintenant. Si nous ne trouvons pas d'emplois, certains d'entre nous seront obligés de retourner en Iran ou au Pakistan. »
Khaled Hosseini a dit que, malgré des signes encourageants, les conditions dans lesquelles se trouvaient les réfugiés étaient bien plus difficiles que ce qu'il avait imaginé. « Bien sûr, il y a des signes de progrès, mais beaucoup de gens sont frustrés par la lenteur du changement et par les conditions de vie difficiles. Le manque de logements, de terres et d'emplois continuent d'être des problèmes majeurs. »
Après avoir visité un centre de transit de l'UNHCR à Kaboul, où les rapatriés reçoivent une formation pour les sensibiliser aux dangers des mines, ainsi qu'une aide médicale et une assistance financière, Khaled Hosseini s'est toutefois dit touché par l'espoir que ces personnes gardaient en l'avenir.
« Les Afghans sont par nature optimistes et plein de ressources, et ils continuent à croire que l'avenir leur réserve des choses meilleures », a déclaré Khaled Hosseini, qui s'est senti revigoré par leur attitude.
L'écrivain n'a pas pu se rendre dans le sud du pays ni dans certaines régions de l'est, où les conditions sont très dangereuses. Le manque de sécurité a un impact sur la capacité de l'UNHCR d'évaluer les nécessités et fournir une assistance à ceux qui en ont le plus besoin. Cette même raison provoque des déplacements secondaires et a empêché beaucoup de réfugiés de rentrer chez eux.
Khaled Hosseini était reconnaissant d'avoir pu voir par lui-même l'une des opérations les plus importantes et complexes menées par l'UNHCR. Cette année, près de 300 000 réfugiés afghans sont rentrés chez eux depuis le Pakistan. Plus de 900 000 se trouvent encore en Iran et 2 millions au Pakistan.
« Mes livres m'ont apporté un succès personnel. J'espère que je pourrai utiliser cette opportunité pour garder l'Afghanistan dans la conscience publique et pour sensibiliser l'opinion au sujet de personnes qui sont parmi les plus vulnérables aujourd'hui en Afghanistan », a déclaré Khaled Hosseini.
Par Maryann Maguire à Kaboul, Afghanistan