D'irrésistibles cupcakes s'avèrent gagnants pour des pâtissières syriennes en Arménie
D'irrésistibles cupcakes s'avèrent gagnants pour des pâtissières syriennes en Arménie
EREVAN, Arménie, 18 août (HCR) - Grâce à des cupcakes et aux médias sociaux, une ancienne agent de voyages de la ville d'Alep, en Syrie, a pu se lancer dans une nouvelle carrière en Arménie et se faire décerner un prix prestigieux qui a donné un élan à son entreprise.
Azniv Kouyoumjian fait partie de la population d'origine arménienne de la Syrie, dont le nombre est estimé à 12 000, ayant fui en Arménie depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011. Âgée de 27 ans, elle a quitté Alep en 2012 et comme beaucoup d'autres nouveaux arrivants, elle a eu de la difficulté à trouver du travail à cause de la conjoncture économique et la barrière linguistique.
Toutefois, les choses ont commencé à s'améliorer alors qu'elle et une autre réfugiée, Sevan Tekkelian, se sont jointes à un programme générateurs de revenus destiné aux Syriens, financé par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et mis en oeuvre par la Société de la Croix-Rouge arménienne et un département du gouvernement qui encourage les entrepreneurs à établir de nouvelles entreprises.
Leur proposition de faire des cupcakes et d'en faire la promotion et la vente en ligne a été acceptée et les deux femmes ont reçu un petit prêt, des équipements de pâtisserie et quelques séances de formation sur l'exploitation d'une entreprise. C'est ainsi que Sweetheart.am a vu le jour.
Au départ, les affaires marchaient au ralenti et la concurrence était forte dans un pays où bon nombre de gens ont le bec sucré, mais Azniv et Sevan étaient déterminées à réussir et à soutenir leurs familles. Elles ont ajouté des gâteaux et des biscuits à leur gamme de produits et ont commencé à se concentrer sur la conception de cupcakes - une nouveauté à Erevan qui s'est avérée gagnante.
« À Erevan, tous les gâteaux traditionnels sont délicieux. Il y a beaucoup de pâtisseries en affaires depuis des années auxquelles de nouvelles entreprises ne peuvent faire concurrence », explique Azniv, « donc, il a fallu que nous fassions quelque chose de différent. »
« Sevan est très forte pour la conception, donc c'est elle qui fait si bien la jolie décoration de nos cupcakes », dit la jeune entrepreneuse. « Il a fallu s'exercer beaucoup. Au début, nous faisions tomber les petits gâteaux ou bien nous les rations au moins dix fois, mais maintenant, nos cupcakes sont irrésistibles. » Leur gamme de cupcakes va des personnages de bandes dessinées, aux drapeaux des pays participant à la Coupe du monde de football tenue au Brésil en juillet dernier et au logo distinctif du HCR, avec ses mains protectrices.
À la différence de la plupart des pâtisseries, celle-ci fait la promotion et la vente des gâteaux au moyen de Facebook. De plus, les amis et les membres des familles des pâtissières se passent le mot de bouche à oreille sur les petits délices. Azniv signale que travailler de chez soi aide à réduire les coûts. « Établir sa propre pâtisserie est très difficile et le loyer est trop cher. »
En plus de faire de très bonnes affaires, elles reçoivent des félicitations et des prix pour leur modèle d'entreprise qui leur permet de générer encore plus de ventes.
En mars dernier, elles ont reçu le prix du premier ministre en reconnaissance de la réussite de leur modèle d'entreprise. Le prix comprenait une tablette électronique. Grâce au succès, Azniv a plus de confiance et elle rêve maintenant de posséder sa propre pâtisserie.
Sa vie en Syrie semble tellement lointaine, mais Alep lui manque. « J'étais mariée depuis deux ans seulement quand nous avons quitté la Syrie et nous n'avons pas eu la chance de vivre dans notre nouvelle maison. J'aurais voulu faire venir toute la maison, ou au moins notre chambre », dit-elle avec un soupir.
Par contre, elle ne souhaite pas revenir dans ce pays dévasté par la guerre. « Pour visiter, oui. Pour y rester, non », précise-t-elle. Chez elle, c'est dorénavant l'Arménie.
Le HCR et d'autres organismes d'aide humanitaire soutiennent le gouvernement arménien alors qu'il compose avec les besoins des réfugiés de la Syrie. Parmi les mesures d'aide offertes, mentionnons des cours d'orientation culturelle, des subventions au loyer et de l'aide financière, la création de soupes populaires, des services juridiques et de consultation en emploi, la formation professionnelle, des services médicaux de base et l'accès au microcrédit et au soutien en affaires.
Par Anahit Hayrapetyan et Djavaneh Bierwirth à Yerevan, en Arménie